Catherine Berbessou

Catherine Berbessou commence son parcours professionnel par la danse contemporaine avec Françoise et Dominique Dupuy en 1982. Elle rejoint la compagnie Claude Brumachon, puis celle de Joëlle Bouvier et Régis Obadia. Elle fonde en 1990 la compagnie
Quat’zarts. Elle rencontre et s’enflamme pour le Tango Argentin qu’elle pratique à Buenos Aires avec de grands Maîtres (Pupi Castello, Graziella Gonzalez, Gustavo Naveira…).
Avec sa compagnie elle crée ’’A fuego lento’’ en 1996, ’’Valser’’ en 1998, ’’Fleurs de Cactus’’ en 2000.

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Interview de Catherine Berbessou

Catherine nous n’avions pas l’habitude de vous voir danser avec Mickaël Cadiou. Pourquoi ce nouveau partenariat ?

J’ai rencontré Mickaël il y a quelques années lors d’un stage de formation de Tango que j’animais pour des danseurs issus d’autres horizons. Son parcours par la suite comme danseur et enseignant m’intéressait. En particulier, son approche pédagogique est originale et convergente avec mon expérience. Je lui ai proposé de nous associer, en complément de nos propres activités que nous allons poursuivre, pour aller chercher d’autres horizons et un autre angle d’approche pédagogique qui seront probablement une source de progrès.

D’accord, on comprend mieux le qui, mais le pourquoi ?

Je partage avec Mickaël un passé de danseur et de chorégraphe classique et contemporain. Cela crée un socle commun qui aide à se comprendre très vite. Comme tous danseurs, nous avons un fort ancrage dans les fondamentaux de la danse et en particulier la compréhension du corps et de ses capacités de mouvements. Nos nombreuses années d’enseignement nous ont cependant appris que ce travail du corps dans un but technique précis doit être adapté à chacun en fonction de ses possibilités et de ses objectifs, nous ne sommes pas tous professionnels ! Ce travail technique ne représente pas à lui seul la finalité du tango qui est avant tout une danse de couple et de loisir. Il est pour nous indispensable de donner une vraie part dans l’enseignement à l’écoute des sensations corporelles et musicales à côté de la technique.

Vous pouvez préciser, c’est un peu confus pour nous ?

Je ne remets pas en question le vocabulaire technique indispensable pour pouvoir danser. Quand nous allons aborder durant le stage la technique de l’amplitude des pivots par exemple, l’idée est effectivement de donner les clés pour gommer les principaux défauts que nous observons habituellement avec nos années d’enseignement pour l’intégrer dans une danse harmonieuse. Et c’est là, où nous touchons le cœur de notre projet pédagogique : la danse !

Mais c’est une évidence, si non, on ne ferait pas de tango !

Vous allez peut-être un peu vite. Danser, ce n’est probablement pas uniquement enchaîner des gestes techniques avec plus ou moins de dextérité. En tango, il faut être deux pour danser, entendre la musique ensemble et improviser dans le bal et en tenant compte d’autres danseurs au comportement souvent imprévisible. Finalement, pas si facile ! Mais cette entreprise, ne peut fonctionner que si le couple est en accord à la fois sur le plan corporel et musical.

Qu’est que cela signifie pour vous ?

Qu’il y a une compréhension mutuelle des intentions et des attentes de l’autre. Et cela, passe avant tout par un travail sur la connexion sur lequel nous allons investir durant ce stage. Nous ne parlons pas en dansant, et chacun doit décrypter le langage corporel du partenaire. C’est un travail réciproque dans le couple où le guideur ne fait pas tout, chacun à sa part à égalité.

Oui, mais cela nécessite une grosse base technique et des années de tango !

Pas nécessairement, mais il faut s’affranchir effectivement de gros problèmes techniques comme je l’ai indiqué précédemment pour libérer le corps et surtout l’esprit. Cela permet de se consacrer à la connexion pour espérer atteindre cette convergence entre les deux danseurs qui, si une même écoute de la musique est aussi au rendez-vous, va rendre une tenda inoubliable et illuminer une soirée. Nous avons tous, je l’espère, connu ces moments à tous niveaux même avec une technique simple.

Alors fini les voleos ou les sacadas ?

Non, ce n’est pas ce que je dis. Tous ces gestes techniques peuvent rendre la danse plus belle et apporter du plaisir aux danseurs quand ils donnent encore plus de liberté au corps. Le tango, ce n’est pas une épreuve de gym époustouflante mais avant tout un échange dans un couple éphémère le temps de trois danses et qui ne peut communiquer que par le langage corporel en fonction de codes musicaux dont la compréhension doit être aussi réciproque. Si le stage permet de vous faire avancer dans cette quête de la convergence dans le couple, alors nous aurons atteint notre objectif.

Merci pour cet entretien. Cet objectif de convergence pour le couple de danseurs est effectivement passionnant et sort des seuls apprentissages techniques habituels. Que la danse soit belle… à deux !