Régulièrement AlterTango reçoit Christine, qui dope notre créativité dans un vent de liberté et de bonne humeur, pour de grandes soirées expérimentales et décalées, tango alternatif, garantie O% vieux tangos ! Mais qui est Christine ? Christine, danseuse, artiste, est une femme joyeuse et sensible qui » rêve d’un tango passionné, où les mots plaisir, tolérance et bienveillance seraient les maîtres mots « . Voici comment elle exprime sa vision du tango :
Le tango est musique, le tango est danse.
Aimer cette danse au point d’accepter qu’elle nous habite, même en dehors des tangos traditionnels. Car cette danse qui peu à peu s’inscrit en nous peut ressurgir quand on ne l’attend pas, sur des morceaux qui ne sont parfois même plus des tangos. Pourquoi ne pas l’accueillir dans ces moments là ? A l’extrême, pourquoi ne pourrait-on pas l’honorer de l’apport d’autres danses, voire d’autres disciplines ? Assumons ce que nous ressentons, acceptons de nous laisser guider par notre propre plaisir !
On dit communément que « le tango est une pensée triste qui se danse ».
C’est effectivement une façon de voir les choses, mais est-ce vraiment une vérité universelle ? La magie de cette danse, et le bonheur qu’elle nous procure, ne réside t-elle pas dans la force des émotions qui nous traversent ? Or la tristesse et la joie ne sont-elles pas les deux facettes d’une même médaille ? Alors pourquoi ce bonheur ne pourrait-il se ressentir que dans la tristesse ? Il y a mille façons d’aborder le tango. Pour certains il s’agira essentiellement de musicalité, pour d’autres d’une recherche esthétique. D’autres encore seront plus sensibles à une approche corporelle. D’autres mettront leur priorité sur les enjeux relationnels. Certains y travailleront même des aspects spirituels. Je crois pour ma part en un tango avant tout « habité », habité par le plaisir, et même si cela peut parfois conduire sur le terrain du « non politiquement correct ». Car le plaisir est contagieux, et surtout qu’il participe au bonheur !
Un jour, lors d’une grande milonga en plein air, deux petites filles d’une dizaine d’années sont venues me trouver, et m’ont dit : « c’était beau comme vous dansiez Madame ! ». Paroles d’enfants, paroles qui m’ont touchée comme jamais. Qu’avaient donc vu de moi ces deux fillettes, moi qui n’ai que si peu de technique comparativement à bien d’autres ? Sans doute le plaisir que je ressentais, tout simplement. Un bien joli retour pour une danseuse ayant démarré bien tard son apprentissage, n’ayant jamais dansé auparavant, n’ayant aucune des connaissances corporelles de base de tout à chacun, ayant été condamnée à l’immobilité dans son enfance pour des raisons de santé, qui ne serait jamais une grande danseuse, …et qui de surcroît ne serait jamais argentine !
Je voudrais pouvoir offrir un espace de liberté et de créativité à tous ceux qui pressentent qu’ils pourraient trouver davantage de plaisir encore dans leur pratique du tango, à tous ceux qui trouvent limitatifs les cadres le plus souvent proposés, à tous ceux qui voudraient explorer les multiples facettes de cette danse fabuleuse, non dans l’idée de la dénaturer, mais au contraire dans celle de l’enrichir. Je voudrais que soit reconnu le droit à l’expérimentation, sans jugement de valeur. Je voudrais pouvoir sortir des notions de bien et de mal. Pourquoi ne pourrions nous pas nous éloigner de notre partenaire, jusqu’à physiquement le quitter mais sans jamais le perdre, pour le plaisir de mieux le retrouver. Pourquoi ne pourrions-nous pas parfois goûter à l’ivresse de la symbiose sur des morceaux dits interessants car répétitifs, pourquoi les débutants ne pourraient-ils pas entrer dans le monde du tango par la petite porte du plaisir, ce dernier devenant alors un puissant levier d’apprentissage ? »
Christine Vervaet